En août 2002, création d’une musique originale pour une adaptation de la pièce La Nuit des Rois de Shakespeare, en collaboration avec la metteur en scène Severyne Bujart. Musique d’Ignacio Lamas.

Les intentions de mise en scène :

Pour cette «Nuit des Rois» en particulier, mettre en avant l’acteur le rythme et le texte. Et que le Sens en découle. Ne pas vouloir signifier mais accepter d’être signifié. Faire du théâtre avec peu, c’est-à-dire avec les acteurs, c’est-à-dire avec beaucoup. Que tout soit théâtralisé; que rien ne paraisse naturel, que rien ne soit comme dans la vie. La démarche, pour être féérique doit être figurative.

Depuis vingt ans que je fais de la mise en scène, j’ai toujours été attirée par la magie du rythme, du mouvement, de l’action. Démarche peu saluée il y a quelques années par les adeptes du théâtre plus statique, plus textuel, plus ‘intellectuel’.

Par l’Energie du corps, du texte, donner vie aux idées. J’ai beaucoup travaillé Feydeau, Labiche et Courteline, ils m’ont énormément appris sur la grâce du rythme. Elle est à la base de toute poétique. Dans «La Nuit des Rois», ce qu’il faut mettre en scène, c’est d’abord l’étincelante énergie de la jeunesse, la mise en acte solaire de leur sensualité, la magnifique monstruosité des bouffons.

Ce qu’il faut mettre en scène c’est d’abord l’acteur. Son espace ne doit pas être habité. Il peut le définir et l’inventer comme il l’entend. Lui, il doit en être le centre. J’ai donc imaginé un sol. Nu. En bois. Beau. Quelques dénivellations prévisibles. On y accède par derrière, en montant. Les entrées ainsi peuvent se traiter en ‘apparition’. Un cyclo l’encercle. Des images de temps à autres s’y projettent. Le fil récurrent et trouble d’une noyade, d’une naissance, d’un accident marin, de flots rejetant leur victime? Peut-être.

Ce pays n’existe pas, mais la mer qui l’entoure, elle, est bien réelle. On vient de la réalité comme on naît de la mer; mais pas sans s’y être noyé. Condition du plateau, on commence métaphoriquement par mourir, pour renaître au pays fantastique d’Illyrie, à la poésie, à l’imaginaire, à l’amour. Cette île sur laquelle on s’échoue, c’est un rêve. On doit pouvoir donner au décor, à l’espace cet aspect flou, d’irréalité, due peut-être à l’intense humidité venue de la mer.

Je n’ai jamais douté de l’excellence de Liliane Tondellier, éclairagiste, qui m’a déjà accompagnée dans bon nombre d’aventures, pour partir à la recherche d’une lumière féérique, ‘fantastique’. Les costumes se doivent d’éclater par leur invention, leur folie, leur beauté. Des costumes de contes de féées. Les comédiens devront bouger, chanter, danser, donner corps au texte, il n’est pas question de les engoncer, mais de les alléger. Ils définissent d’entrée de jeu le personnage; ils soulignent immédiatement leur appartenance sexuelle; ils leurrent et sont un leurre.

Shakespeare n’imaginait pas un théâtre sans musique, et elle est, dans «La Nuit des Rois», d’une importance dramaturgique capitale. Nous nous proposons donc de créer une musique originale, avec le Boulouris 5. Ces cinq jeunes musiciens, tous issus de milieux classiques, ont suivi les répétitions, ont composé et jouent en étroite collaboration avec les acteurs.

Et puis bien sûr, mettre en scène «La Nuit des Rois», c’est travailler. S’acharner à rendre perceptible le souffle intense et génial de cette grande oeuvre.

Séverine Bujard

Mise en scène et adaptation : Séverine Bujard

Théâtre des Songes
assistante : Françoise Chavaillaz
scénographie et costumes : Florence Magni
chorégraphie : Madeleine Piguet
musique originale: Boulouris 5
lumières : Michel Boillet
vidéo : Alexandre Baechler
maquillages : Kathrin Zingg
coiffures : Reiner Wilhelm
technique et régies: Alain Boon, Françoise Chavaillaz
administration : Gabriel Décoppet
construction décor : Mario Medana

avec Gabriele Bazzichi (Messire André), Sybille Blanc (Olivia), David Bouzas (Antonio/Valentin), Claire Fayolle (Feste),Thierry Jorand (Malvolio), Darius Kehtari (Orsino), David Marchetto (Sébastien), Jocelyne Page (Fabien), Madeleine Piguet (Viola), Frédéric Polier ( Messire Tobbie), Lise Ramu (Maria), Mirco Visconti (Curio) accordéon : Marie-Claire Roulin

Sons

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